Les Vaillantes

Texte de Jeanne Benameur, Le ramadan de la parole, éditions Actes Sud

Le choix du titre – Les Vaillantes

En concertation avec Jeanne Benameur, nous avons décidé d’inventer un titre à la forme scénique qui puisse faire honneur aux paroles des trois jeunes filles, à leur vaillance dans leur recherche de liberté.

C’est au cours d’une discussion téléphonique que ce titre, Les vaillantes, a émergé. Le terme féminin de vaillance signifie plein de bravoure, plein de courage, de valeur pour se battre. Et dans une signification plus ancienne, la vaillante est celle « qui vaut quelque chose ».

Dans ces textes, la vaillance a pour objectif l’accès à la liberté et à l’estime de soi. Elle implique une forme de courage par le corps qui est représenté avec puissance par ces trois jeunes filles.

Photographie Anne-Laure Etienne

Dossier artistique à télécharger

LES VAILLANTES

Texte > Jeanne Benameur
Mise en scène > Cécile Brochoire
Interprétation > Camille Dordoigne
casting en cours pour deux autres comédiennes
Composition musicale & interprétation > Anaïs Soreil
Photographie > Anne-Laure Etienne
Scénographie > en recrutement
Costumes > en recrutement
Création lumière > en recrutement

Production > Cie Chabraque
Partenaires
Théâtre La passerelle, scène nationale de Gap Alpes du Sud
Pôle culturel, le Quai des Arts, Veynes
ACCR La Cinquième Saison, Pont en Royan
Anis Gras, le Lieu de l’Autre, Arcueil
Mairie de Saint-Jean-Saint-Nicolas
Communauté de communes Champsaur Valgaudemar

Le travail de création débutera en 2024 pour une création prévue à l’automne 2025.


Note d’intention

Du camouflage au camouflet

Ces deux noms ont en commun leur étymologie et leur genre. Un nom masculin dont l’origine vient du terme Chault mouflet qui signifie fumée que l’on souffle au nez. Si la fumée épaisse sert à dissimuler dans le premier cas, elle est plutôt l’outil d’un affront dans le second. Les frontières entre le visible et l’invisible jouent et s’affrontent sur ce terrain étymologique. Dans ces termes, nous voyons volontiers les aspects vertueux de la dissimulation. Si nous pensons à l’ingénuité des artifices du monde sauvage, nous ne pouvons que nous incliner. Nous trouvons volontiers des excuses à la pratique du camouflage, qui dresse toujours haut et fort la carte de la protection.

Et pourtant ?

Ce qui se pose pour une femme, indépendamment de la culture et de l’époque dans laquelle elle évolue, c’est encore de savoir comment elle doit se positionner entre camouflage et camouflet. Dans un cas comme dans l’autre elle risque de se perdre, soit aux yeux de la société, soit à ses propres yeux.

Préfère-t-elle se dissimuler pour avoir la paix ?

La fumée épaisse qui l’entoure lui est-elle imposée ? Décide-t-elle parfois de tenter de la dissiper malgré les conséquences ?

Se trouve-t-elle dans la position de celle qui aux yeux de la société se comporte de façon offensante ? Ou bien est-elle celle qui est mortifiée par son entourage ?

Tout cela à la fois ? Le fantôme de Virginia Woolf et d’Une chambre à soi rôde.

Pour utiliser deux expressions figurées et familières, les femmes ont le choix entre «Se fondre dans le décor» ou «Faire tâche». Les alternatives sont encore aujourd’hui complexes à trouver, car les faits et gestes des femmes sont encore souvent l’objet d’une focalisation avilissante.

Dans les trois monologues, les jeunes filles ne se résolvent pas à se fondre dans le tableau qu’il leur est proposé. Et c’est bien cette parole qui semble toujours, en 2023, d’une vive actualité et que nous aimerions porter, en particulier auprès des plus jeunes qui œuvrent pour la société à venir.

Le premier des camouflets est celui qui consiste à classifier les humains. Il semble constitutif de notre genre, cependant rien ne nous empêche de souffler encore et toujours, et à plusieurs, pour que la fumée se disperse.

Pistes de mise en scène

Les trois monologues imaginés par Jeanne Benameur ont comme point commun l’insurrection silencieuse de trois jeunes filles. Cependant, celles-ci évoluent dans des contextes familiaux et sociétaux différents. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons travailler avec trois jeunes femmes qui porteraient chacune cette identité spécifique propre à chaque récit.
Tour à tour, elles dérouleraient leur récit en présence des autres devenues leurs complices au plateau.

Nous souhaitons mettre en valeur ces trois monologues de jeunes filles en focalisant sur le fait qu’elles subissent des situations sur lesquelles elles n’ont que très peu de prise.

Il s’agirait de symboliser leur pensée et leur évolution vis-à-vis de leur entourage par un corps à corps entre leur corps et le décor. Tout au long des récits, se joueraient des trajectoires esthétiques contrariées comme l’est la protection de leur seul espace de liberté, leur pensée.

La ligne directrice de la mise en scène et de la scénographie reposerait donc sur le rapport que chaque jeune fille entretiendrait avec son « décor » c’est-à-dire son époque, sa culture, sa situation familiale, ses désirs, etc.

Pour cela, nous pensons utiliser un fond de studio photo sur lequel seraient tendues des matières différentes (toiles, tissus, bâches) pour chaque récit. Lesquels pourraient tous commencer comme une peinture ou une photographie silencieuse et immobile qui prendrait ensuite vie. Les costumes, sièges et autres accessoires seraient volontairement en accord ou en contraste avec le décor et connaîtraient eux aussi des évolutions tout au long du récit.

Le changement de décor nécessaire pour passer d’un récit à l’autre se ferait à vue. Pendant ces intermèdes, une musicienne exposerait sa perception des histoires et de leur contenu par le biais d’une composition au violoncelle.

La forme spectacle serait de facture simple de manière à être présentée dans des lieux qui ne sont pas équipés techniquement, tels que les collèges, les lycées ou les médiathèques. Cependant, nous aimerions aussi avoir une forme adaptée aux plateaux de théâtre.